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"Kilomètre zéro" de Maud Ankaoua
Kilomètre zéro - Le chemin du bonheur

Publié aux éditions Eyrolles, ce livre est un présent, un cadeau de la vie.

Il m'a été offert par une amie très chère, ma voisine, à l'occasion des fêtes de ce début d'année 2023. Resté sur un coin de table durant plusieurs mois, je n'en ai commencé la lecture qu'il y a 3 jours et j'ai été transporté.

L'écriture est belle, l'histoire captivante, les personnages attachants, le sens profond, ...,

Ce livre est un parcours, un questionnement, une retraite, un espoir, ...

Il interroge, nous confronte à nos peurs, à nos illusions, à nos conditionnements, aux automatismes et à l'égo qui nous dirigent, ...

Il nous invite à porter sur la vie un autre regard, à remercier l'autre pour ce qu'il nous apprend de nous-même, à nous aimer dans nos imperfections, à cueillir le bonheur dans l'instant présent, ...

Ne passez pas à côté de ce roman. Au fil des pages, vous découvrirez un texte d'une grande profondeur qui vous emmènera dans un voyage à l'intérieur de vous-même

J'ai choisi de partager avec vous cet extrait, histoire tirée d'un conte du Brésil et rapportée dans le livre par Shianti, le guide népalais, à la page 268 :

Depuis presque cent ans, le vieil homme marchait. Il avait traversé l'enfance, la jeunesse, mille joies et douleurs, mille espoirs et fatigues. Des femmes, des enfants, des pays, des soleils peuplaient encore sa mémoire. Il les avait aimés. Ils étaient maintenant derrière lui, lointains, presque effacés. Aucun ne l'avait suivi jusqu'à ce bout du monde où il était parvenu. Il était seul désormais face au vaste océan.

Au bord des vagues, il fit halte et se retourna. Sur le sable qui se perdait dans des brumes infinies il vit alors l'empreinte de ses pas. Chacun était un jour de sa longue existence. Il les reconnut tous, les trébuchements, les passes difficiles, les détours et les marches heureuses, les pas pesants des jours où l'accablaient des peines. Il les compta. Pas un ne manquait. Il se souvint, sourit au chemin de sa vie.

Comme il se détournait pour entrer dans l'eau sombre qui mouillait ses sandales, il hésita soudain. Il lui avait semblé voir, à côté de ses pas, quelque chose d'étrange. A nouveau, il regarda. En vérité, il n'avait pas cheminé seul. D'autres traces, tout au long de sa route, allaient auprès des siennes. Il s'étonna. Il n'avait aucun souvenir d'une présence aussi proche et fidèle. Il se demanda qui l'avait accompagné. Une voix familière et pourtant sans visage lui répondit : "C'est moi".

 

Il reconnut son propre ancêtre, le premier père de la longue lignée d'hommes qui lui avaient donné la vie, celui que l'on appelait Dieu. Il se souvint qu'à l'instant de sa naissance, ce Père de tous les pères lui avait promis de ne jamais l'abandonner. Il sentit monter dans son cœur une allégresse ancienne et pourtant neuve. Il n'en avait jamais éprouvé de semblable depuis l'enfance. Il regarda encore. Alors, il distingua le long ruban d'empreintes parallèles, plus étroit, plus ténu. Certains jours de sa vie, la trace était unique. Il se souvint de ces jours. Comment les aurait-il oubliés ? C'étaient les plus terribles, les plus désespérés. Au souvenir des heures misérables entre toutes où il avait pensé qu'il n'y avait de pitié ni au Ciel ni sur Terre, il se sentit soudain amer, mélancolique.

 

"Vois ces jours de malheur, dit-il. J'ai marché seul. Où étais-tu Seigneur, quand je pleurais sur ton absence ?

- Mon fils, bien-aimé, lui répondit la voix, ces traces solitaires sont celles de mes pas. Ces jours, où tu croyais cheminer en aveugle, abandonné de tous, j'étais là, sur ta route. Ces jours où tu pleurais sur mon absence, je te portais."

 

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